PAUV' PETIT
N'ANGE
1
On l'avait trouvé un dimanche,
Sur l'impériale du métro
Rien n'était marqué sur ses langes,
Personne connaissait l'marmot
La contrôleuse des premières,
L'aurait bien couché sur son sein
Mais comme elle était poitrinaire,
Pauv' gosse s'rait bientôt mort de faim...
Pauvre petit n’ange !
Pour vivre il dut voler
Des petites boîtes de lait condensé
Faut bien qu’on mange ! (bis)
2
Âgé d'sept ans cinq mois à peine
Il perdit sa second' maman
Seul au mond' Voilà bien sa veine
Il échoua au Bazar Grand
Chiada à tort et à travers
Le jodot, les maths et l'all'mand
Qu'voulez-vous qu'un enfant puiss' faire
Sans les conseils de ses parents ?
Pauvre petit n'ange !
Il fut r'çu bachelier
Vaudrait bien mieux êtr' terrassier
Mais faut bien qu'on mange ! (bis)
3
Taupin pour comble de disgrâce,
Dans un' nuit d'ivresse et d'amour
Comme il faut que jeuness' se passe
II tua une dame du d'Harcourt.
Cette bonn' dame, c'était sa mère !
C'est pas d'la veine assurément !
Qu'voulez qu'un enfant puiss' faire
Sans les conseils de ses parents ?
Pauvre petit n'ange !
Sur elle, il a trouvé
2 francs 60 de p'tite monnaie !
Mais faut bien qu'on mange ! (bis)
4
Chez Carva traînant sa détresse,
Gavé d'poulet, de vol-au-vent,
D'un foie gras, lancé plein d'adresse,
Il tua du coup le Magnan !
Ce bon Magnan, c'était son père.
Voyez sa guign' ! C'est désolant
Qu'voulez-vous qu'un enfant puiss' faire
Sans les conseils de ses parents ?
Pauvre petit n'ange !
Le voilà orphelin
II tournera mal, ça c'est certain
II faut bien qu'on mange ! (bis)
5
Et sa fin fut plein' de misère ;
Entendant des typ's s'écrier :
« Faut avoir tué pèr' et mère
Pour avoir envie d'êt' bottier ! »
Il s'dit : « Voilà bien mon affaire ! »
Se mit au travail sur le champ.
Qu'voulez-vous qu'un enfant puiss' faire
Sans les conseils de ses parents ?
Pauvre petit n'ange !
Il finit grand bottier !
Sur terr' il n'y a pas d'sot métier
II faut bien qu'on mange ! (bis)
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