L'île Saint-Honorat, l'une des deux îles de Lérins, est située à une vingtaine de minutes de Cannes par bateau. C'est la plus au sud des deux îles et on y accède en longeant l'île Sainte-Marguerite par l'ouest. Elle abrite le monastère de la congrégation des cistercien de l'Immaculé Conception, qui héberge 25 moines, ainsi qu'un vignoble cultivé par les moines.
 
Le monastère de Lérins
 
Les îles de Lérins, et tout spécialement l'île Saint-Honorat, sont un haut lieu de la vie monastique depuis le début du Vème siècle de notre ère. C'est en l'an 400 que celui qui allait donner son nom à l'île, Honorat, fonde une communauté monastique dans l'île qui s'appellait alors Lérina, communauté qui allait se développer très rapidement et c'est lui et ses compagnons qui, en 405, codifient pour leur communauté la première règle monastique de Gaule, la règle dite « des quatre Pères ». En 428, Honorat quitte l'île pour devenir évêque d'Arles, où il mourra en 430. Durant les deux siècles qui suivirent, le monastère de Lérins connut son âge d'or et donna à l'église plusierus saints de de nombreux évèques (Saint Maxime et Saint Faust qui furent tout à tour abbés de Lérins avant de devenir évêques de Riez ; Saint Hilaire, successeur de Saint Honorat en Arles ; Saint Eucher ; évêque de Lyon ; Saint Vincent de Lérins ; Saint Césaire d'Arles). Le rayonnement du monastère dépasse largement la Provence, puisque c'est là que sera formé Saint Benoît Biscop, moine anglais qui retournera dans son pays fonder un monastère à Jarrow, et peut-être aussi Saint Patrick, qui deviendra l'évangélisateur de l'Irlande.
 
 
À partir du VIIème siècle, les moines de Lérins adopteront la règle de Saint-Benoît de Nursie, fondateur de l'ordre bénédictin. Après une période obscure au VIIIème et IXème siècle, le monastère de Lérins réapparaît dans l'histoire comme monastère clunisien, c'est-à-dire placé sous l'autorité de l'abbaye de Cluny.
 
Au fil des siècles, l'île a plusieurs fois été ravagée par les Sarrasins, puis par les Gènois, et le monastère et l'île seront finalement fortifiés et défendus par des soldats y résidant en permanence à partir de la fin du XIVème siècle. L'établissement du régime de la commende, dans lequel un monastère est confié à un abbé, qui peut être un moine ou un laïc, qui en perçoit à titre personnel les revenus, sans pour autant avoir de juridiction sur les moines de l'abbaye, installé dévinitivement à Lérins en 1636, entraînera la décadence rapide de l’abbaye, fermée par une commission royale en 1788. Il ne restait alors plus que quatre moines. Le domaine du monastère sera alors rattaché à l’Evêché de Grasse, avant que l'île soit déclarée bien national en 1791, pendant la Révoulution.
 
Depuis la Révolution, l'île Saint-Honorat a été achetée par divers propriétaires, dont une actrice, Blanche Sainval qui transformera le monastère fortifié en salons de réception, avant d'être rachetée en 1859 par l'évêque de Fréjus. Dix ans plus tard, en 1869, un groupe de moines cisterciens venant de l'abbaye de Senanque, près d'Avignon, s'installent sur l'île. Ils sont à l'origine de la communauté monastique actuelle.
 
Plan de l'île
 
 
1. Monastère fortifié 6. Chapelle Saint-Porcaire 11. Distillerie artisanale
2. Monastère moderne 7. Chapelle Saint-Caprais 12. Restaurant « La Tonnelle »
3. Église abbatiale de Lérins 8. Chapelle Saint-Michel (ruines) 13. Port abri des moines
4. Chapelle de la Trinité 9. Chapelle Saint-Pierre 14. Fours à boulets (4 sur l'île)
5. Chapelle Saint-Sauveur 10. Boutique  
 
Le monastère fortifié
 
Etroitement lié à l’origine à l’ensemble abbatial, la tour s’élève à proximité. Après leur expulsion du Freinet (Var) en 973, les Sarazins continuèrent à faire peser une menace sur les côtes provençales et plus particulièrement sur le monastère  de Saint-Honorat, dont plusieurs sources évoquent des attaques répétées. Les textes concordent pour dater de la fin du XIe siècle le début du chantier de la tour, qui se prolonge dans les années 1120. Cette tour primitive est conservée pour l’essentiel dans la partie occidentale de la tour actuelle. Monastère Fortifié coupe Au rez-de-chaussée, on peut voir la structure interne de cette construction composée de deux nefs juxtaposées. Au fil du temps, cette tour « refuge »  joua un rôle de plus en plus important dans la vie de l’abbaye. Cette prise d’importance va se traduire entre le XIe et le XVe siècle par une migration progressive des fonctions de l’espace claustral vers la tour, qui devient ainsi un monastère fortifié. L’adjonction d’un nouveau bâtiment  de grande dimension à l’est de la tour primitive constitue une seconde étape. Parallèlement à l’extension de la tour vers l’est on réalise un chemisage externe de la tour primitive, ce qui donne aujourd’hui l’image d’un ensemble homogène, élevé en blocs de moyen et grand appareil de bossage rustique. Cet ample chantier doit se dérouler sur une assez longue durée entre le dernier quart du XIIe siècle et la première moitié du XIIIe siècle. On peut attribuer la construction du bâtiment le plus proche de la mer, à la première à la première moitié  du XVe siècle. Ce nouvel agrandissement participe sans nul doute à un programme plus vaste. La construction étant sans doute pensée dans la perspective d’aménagements de cloîtres superposés dans le second bâtiment, aménagements qui entraînent une perte conséquente d’espace habitable. Peu de temps après, dans la seconde moitié du XVe siècle, commença la dernière phase des travaux. Le bâtiment fut entièrement réaménagé. On commença en 1450-63 par le creusement et le dallage de la citerne, puis la construction du cloître inférieur. Pour la construction du cloître supérieur, les douze colonnes de marbre avec chapiteau furent importées de Gênes en 1467. Avec trois cloîtres superposés, la « tour refuge » était devenue pleinement un monastère  fortifié.
 
Ensemble abbatial - cloître du XIIe-XIIIe siècle
 
L’ensemble monastique était constitué de deux lieux de culte étroitement liés : l’église majeure, dédiée à Honorat, se trouvait au centre, tandis que vers le nord, s’élevait l’église Sainte-Marie, reliée à Saint-Honorat par une salle qui assumait des fonctions funéraires. À l’ouest, s‘étendait le cloître avec les bâtiments de la vie commune. De l’église Saint-Honorat, qui constitua sans doute un jalon important dans l’histoire de l’art roman provençal, il ne reste aujourd’hui pratiquement rien. À son emplacement s’élève l’église de la fin du XIXe siècle. L’église Sainte-Marie a été profondément endommagée du fait de sa transformation en habitation au XIXe siècle, mais on y reconnaît un édifice du « second âge roman », formé d’une nef unique, terminée par une abside semi-circulaire. L’analyse du cloître, bien conservé au cœur de la clôture monastique, montre que l’on y réutilise des élévations préexistantes. Les données tirées de l’analyse architecturale et les nouveaux apports de l’étude des textes nous permettent d’établir une chronologie des chantiers. Il semble bien que l’église abbatiale dédiée à Saint Honorat ait été réalisée, au moins en partie, sous l’abbatiat d’Aldebert I. C’est lors de la prise de fonction de son successeur, Aldebert II, en 1088, qu’a lieu la dédicace. Un chantier du « second âge roman » édifie le cloître que l’on peut observer aujourd’hui. Ce chantier se déroule sans doute sur un temps long entre la fin du XIIe siècle et la première moitié du XIIIe siècle.
 
La Chapelle de le Trinité
 
La chapelle dédiée à la Trinité est un édifice attirant et assez spécifique du fait de son plan trichore et de la présence d’une coupole à la croisée des absides. Elle est composée d’une nef barlongue, composée de deux travées couvertes d’un berceau plein cintre. Les travées sont séparées par un doubleau qui retombe sur des colonnes. La nef s’ouvre sur un chœur trichore, les baies qui éclairent le chœur sont remarquables par l’ampleur de leurs dimensions. Le voûtement de la croisée s’affirme comme original, il est composé d’une coupole de forme elliptique et s’adaptant au plan trapézoïdal, soutenue par des pendentifs qui font corps avec elle. Pour ce monument la datation reste sujette à caution, en l’état nous proposerons de situer sa mise en place dans le programme qui voit la construction de la seconde chapelle Saintt-Sauveur, soit la période carolingienne, mais cela reste une hypothèse et rien n’exclut une datation du XIe siècle
 
La Chapelle Saint-Sauveur, les fouilles ou le temps des origines
 
La chapelle Saint-Sauveur a fait récemment l’objet de fouilles archéologiques toujours en cours. Le monument se distingue par un plan centré, original par rapport au corpus des édifices médiévaux conservés en Provence. Extérieurement, l’édifice correspond à un octogone, d’environ 8 mètres de diamètre, doté d’un chevet semi-circulaire. Intérieurement, les pans de l’octogone sont pourvus de niches semi-circulaires ; le pan oriental a reçu une abside qui fait face à l’entrée pratiquée dans la partie occidentale. La singularité du plan de Saint-Sauveur ne permet pas de proposer une datation assurée. Les fouilles ont apporté maintes informations nouvelles concernant les origines de ce lieu de culte. Dans la partie méridionale de la chapelle sont, en effet, apparus les restes d’un édifice antérieur. La chapelle toujours en élévation a été fondée sur les murs périmétraux sud et ouest de l’édifice primitif, composé d’une nef unique terminée par une abside semi-circulaire. Les dimensions de ce que l’on peut appeler Saint-Sauveur 1 sont modestes : la longueur interne est de 6,60 mètres, la largeur interne de la nef de 2,95 à 3 mètres, et l’abside, semi-circulaire intérieurement, a une longueur est-­ouest de 2 mètres. Le chevet dégagé à l’extérieur, aujourd’hui endommagé, présentait probablement un plan quadrangulaire. Les murs gouttereaux et le mur de l’abside étaient en continuité, sans épaulement, présentant un plan en U. Le sondage pratiqué à l’extérieur, dans la zone méridionale, a montré l’importance des niveaux de l’Antiquité tardive et révélé l’existence d’au moins une annexe funéraire, comportant une sépulture en coffre de tuiles, qui est venue s’accoler au lieu de culte. Les données acquises placent Saint-Sauveur v1 aux Ve-VIe siècles. Peut-être cette fondation primitive constituait-elle un oratoire, destiné à la prière régulière. Il est tentant de rapporter un tel édifice à l’existence de cellules isolées qui auraient caractérisé les premiers temps de l’occupation monastique de Lérins. Quoi qu’il en soit, l’édifice a sans nul doute connu un usage assez long, dont témoignent les sols. Il est probable que ses fonctions ont évolué au fil du temps. Le dernier état semble en tout cas attester une occupation profane, dont il n’est pas exclu qu’il indique un départ de la communauté monastique. Un examen plus précis des phases d’occupation de l’édifice primitif permettra de proposer une datation, au moins relative, de l’édifice conservé aujourd’hui en élévation. En l’état, une attribution au haut Moyen-Âge (période carolingienne) peut être envisagée à titre d’hypothèse.
 
Les chapelles St Caprais et Saint-Pierre
 
La chapelle Saint Caprais (photo de droite) a été restau-rée en 1993. Elle est située à l’extrémité ouest de l’île, où St Caprais, compagnon de Saint Honorat, aurait vécu comme ermite.
 
La chapelle St Pierre (photo de gauche) situé en bordure sud, prés du monas-tère, a été restau-rée en 1963. Des fouilles ont montré un assez grand nombre de sépultures médiévales.
 
Les fours à boulets
 
Les fours à rougir les boulets étaient, au 18ème et au 19ème siècle, un élément complémentaire des batteries installées sur les rivages français pour assurer les défenses côtières. Les tirs à boulets rougis par le feu incendiaient la voilure et les ponts en bois des vaisseaux, entraînant la mise hors de combat de l’attaquant.
Il resterait en France, une dizaine de fours, dont quatre sur les îles de Lérins. La construction de ceux des îles de Lérins se termine en février 1794, à l’instigation de Bonaparte.
 
Le restaurant « La Tonnelle »
 
 
Le restaurant « La Tonnelle » vous accueille dans un cadre unique au cœur de l’île Saint Honorat dans une ambiance décontractée autour du bien-être et de la sérénité. Vous y découvrirez une cuisine conviviale d’inspiration méditerranéenne, concoctée autour des produits de saison, des salades gourmandes, poissons, viandes grillées et autres crustacés.
Le bar à vins vous permettra également de déguster les vins et liqueurs de l’abbaye.
 
Source : sites Internet de l'Abbaye de Lérins et du restaurant La Tonnelle